SENSIBILISATION A LA MALTRAITANCE
Selon la définition donnée par le Conseil de l’Europe en 1987, la maltraitance se définit comme une ‘violence caractérisée par tout acte ou omission commis par une personne s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, à sa liberté, ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière.’
LA MALTRAITANCE, UN SUJET RESTÉ LONGTEMPS TABOU
Alors que les maltraitances à l’enfance sont désormais largement médiatisées, les violences de tout type envers les personnes âgées demeurent encore relativement confidentielles.
La maltraitance commence tout juste à être reconnue et les pouvoirs publics, conscients de l’importance de la lutte contre ce phénomène, ont inclus sa prévention dans le tout dernier plan de ‘Solidarité Grand Âge’.
Les mauvais traitements dont sont victimes les personnes âgées restent aujourd’hui encore mal connus et peu reconnus par la société.
Lentement, le voile se lève et le tabou se brise : la maltraitance est de plus en plus dénoncée. C’est pourquoi les pouvoirs publics entreprennent depuis quelques années des politiques de sensibilisation et de lutte contre ce phénomène.
Tant en famille qu’en institution, la maltraitance recouvre de multiples formes de souffrance infligées aux victimes. Elle s’étend à toutes formes de violences et de négligences, associées ou non.
UNE POPULATION VULNÉRABLE À LA MALTRAITANCE
Nos aînés représentent un public particulièrement vulnérable, sujet à la maltraitance
600.000 personnes âgées seraient concernées en France par la maltraitance, soit 5 % des plus de 65 ans et 15 % des plus de 75 ans.
On estime qu’un cas sur six seulement est actuellement repéré
LES TYPES DE MALTRAITANCE
– Maltraitances physiques : coups, gifles, brûlures, contusions diverses, ecchymoses, fractures, contraintes physiques (contention abusive, bousculades, attouchements, viols…).
– Maltraitances psychologiques : insultes, humiliation, intimidation, non-respect de la vie privée, chantage affectif, peur, menace de rejet, privation de sécurité et d’affection, privation des visites de la famille et des amis, enfermement, harcèlement moral et/ou sexuel…
– Maltraitances financières : vol, extorsion de fonds, signature forcée, héritage anticipé, prélèvement indu de biens ou d’argent, donation en échange de promesses non tenues…
– Négligences actives et passives : placement autoritaire, enfermement, contention, privation des aides indispensables à la vie quotidienne (manque d’aide, oubli de la personne, abandon…).
– Maltraitances civiques : privation des droits élémentaires du citoyen…
– Maltraitances médicamenteuses : excès de neuroleptiques ou privation des médicaments nécessaires…
QUELLES SONT LES FORMES DE MALTRAITANCE LES PLUS COURANTES ?
Les maltraitances psychologiques et financières sont les plus fréquentes. Souvent d’ailleurs, elles sont associées.
Les maltraitances physiques, qui viennent parfois en appui des deux précédentes, sont également courantes.
D’autres formes de maltraitance, plus difficilement décelables, n’en sont pas moins extrêmement nuisibles pour la personne : il s’agit des violences psychologiques et verbales. Elles peuvent entraîner état dépressif, perte de l’appétit, voire anorexie, ainsi que de multiples dommages physiques…
Pourtant, la lutte contre la maltraitance ne nécessite que l’adoption de quelques mesures aisée à mettre en œuvre.
DECELER LES SIGNES DE LA MALTRAITANCE
Il est difficile de déceler la maltraitance envers les personnes âgées.
La maltraitance est en effet multiforme et certains actes de maltraitance peuvent être très insidieux.
Il existe pourtant certains facteurs de risque auxquels il convient de prêter attention.
SAVOIR RECONNAÎTRE LES FACTEURS DE RISQUE ET LES SIGNES DE MALTRAITANCE
On distingue les facteurs de risque suivants, dont la présence cumulée doit éveiller l’attention, même si elle n’est pas nécessairement synonyme de maltraitance :
Les facteurs de risque liés au profil de la victime potentielle :
- La personne âgée est très dépendante, elle ne peut accomplir seule les actes de la vie quotidienne (alimentation, toilette,…).
- Elle souffre d’un handicap physique exigeant une aide quotidienne : ces troubles, tels que l’incontinence, créent une surcharge de travail et peuvent entraîner le rejet, l’isolement, voir même l’abandon de la personne âgée.
- La personne âgée reçoit l’aide d’un même aidant depuis longtemps.
- Elle n’a pas le contrôle de ses avoirs financiers ou de son argent au quotidien.
- Les troubles du caractère et les démences : peuvent entraîner des réactions hostiles en retour.
Les facteurs de risque liés au comportement de la victime potentielle :
- Elle vit seule, est socialement isolée.
- Elle semble méfiante, apeurée.
- La personne âgée présente des signes de dépression : apparence négligée, manque d’appétit, d’intérêt, insomnie…
- A l’air excessivement calme, apathique.
- Elle chute de manière répétée.
Elle présente des traces de blessures, d’ecchymoses, qu’elle ne peut expliquer.
Les facteurs de risque liés au profil de l’aidant :
L’aidant n’est pas préparé à s’occuper d’une personne malade.
- Il vit avec la victime et s’occupe d’elle depuis longtemps.
- Il accepte mal cette charge de soignant et ne reçoit en contrepartie aucune gratification. La fragilité psychologique, et/ou la surcharge morale et affective (le ‘burn-out’) sont des éléments favorisant la maltraitance lorsque le seuil de tolérance de l’aidant est dépassé.
- L’existence de problèmes sociaux ou financiers chez l’aidant: ces problèmes renforcent le risque d’abus financiers au détriment de la personne âgée.
- L’isolement: lorsque l’aidant est seul à assumer la prise en charge de la personne âgée, il peut ne pas avoir la capacité de faire face et se laisser aller plus facilement à des comportements abusifs.
Les facteurs de risque liés au comportement de l’aidant :
- Il déprécie la personne âgée dont il a la charge.
- Il se plaint du comportement de la personne âgée.
Il la réprimande et/ou l’isole.
SIGNALER LES ACTES DE MALTRAITANCE
Il est essentiel de signaler les actes et signes de maltraitance envers les personnes âgées dont vous pourriez être témoin. Si plusieurs des facteurs de risque cités ci-dessus et des signes de maltraitance se conjuguent et si, connaissant la personne âgée potentielle victime, vous pensez qu’il y a un risque de maltraitance, il ne faut pas garder le silence.
Il convient de saisir :
- l’administration (préfet, directeur départemental chargé de la cohésion sociale (ex-DDASS), médecin inspecteur de la santé, travailleurs sociaux, etc.),
- ou de saisir le procureur de la République.